"Temps d’encre", Rencontres autour de publications anarchistes, Montreuil (93)
samedi
23
juin
2018
du samedi 23 juin 2018 à partir de 11h00
au dimanche 24 juin 2018 jusqu'à 20h00
horaire la Parole errante

9, rue François Debergue
93100 Montreuil-sous-Bois,
Métro Croix de Chavaux

Temps d’encre, rencontres autour de publications anarchistes

Pour que l’idée ne flétrisse pas, il faut l’action pour la revigorer. Pour que l’action ne tourne pas en rond, il faut l’idée pour l’enchanter. C’est peut-être là que se tisse le véritable fil noir de l’histoire tumultueuse de l’anarchisme, qui est en même temps sa proposition de lutte : auto-organisation, action directe, conflictualité permanente avec l’autorité sous toutes ses formes. Ces Rencontres autour de publications anarchistes sont une occasion sous forme d’invitation pour celles et ceux qui sont à la recherche d’idées critiques, qui cherchent à agir, qui se révoltent contre ce monde mortifère d’oppression, d’exploitation et d’autorité. Une occasion, et un défi en même temps, pour mettre en relief ce foisonnement anarchiste qui se diffuse au travers de publications, d’agitation, de locaux, d’interventions, d’actions et de luttes – et qui exprime, en proposant la destruction du pouvoir plutôt que son aménagement, le bouleversement total plutôt que la réforme, la concordance entre moyens et fins plutôt que la stratégie politique, l’éthique plutôt que le calcul, une perspective révolutionnaire à approfondir et à défendre.

Samedi 23 juin

// 10h – Ouverture //

Ouverture des Rencontres autour de publications anarchistes avec en permanence des stands de publications anarchistes et anti-autoritaires ainsi qu’une exposition sur diverses contributions anarchistes contre la guerre depuis deux siècles.

// 11h – L’agitation anarchiste dans la rue par le papier //

Ces dernières années, des publications anarchistes sur papier ont vu le jour. « Destinées à la rue », ces cocktails d’idées et d’actes subversifs cherchent et s’adressent à de potentiel-le-s complices et révolté-e-s avec qui nous pourrions réciproquement nous reconnaitre. Nous saisissons cette occasion de se retrouver en face à face pour proposer de discuter ensemble du sens, des objectifs et de quelques problématiques de ces publications à partir de nos expériences et réflexions respectives.
A qui et comment s’adresse-t-on, c’est qui/quoi « la rue » ? Quels autres moyens pour enrichir la diffusion d’un journal, s’approprier ou même inventer ? Quelle place à l’information, à la discussion et à la confrontation d’idées pour en finir avec ce monde, dans un contexte d’aliénation et d’emprise technologique extrêmes avec notamment la tendance hégémonique de la publicisation/existence virtuelle ? Quel ressort à nos exhortations à la subversion de l’existant, à une époque où de toute part nous sommes poussé-e-s à ne remettre en cause le pouvoir que pour l’améliorer, à le singer, à le suivre dans ses métamorphoses et in fine à le perpétuer ? Dans ces contexte et époque où le pouvoir mène aussi la bataille du langage, des mots et du sens, quelle intelligibilité peuvent avoir nos colères et désirs et de quelle attention peuvent-ils bénéficier ? Ou dit autrement, de quel impact sommes-nous capables auprès de celles et ceux à qui nous nous adressons ?

// 14h – Energie, le jus de ce monde //

Tout dans ce monde mortifère dépend de l’alimentation en énergie. Sans surprise, guerres, génocides et dévastations ponctuent la marche des États et de l’économie, avides de pomper toujours plus de ressources énergétiques. Couper l’énergie, et tout bloquer, est alors le moins que l’on pourrait essayer de faire !
Partout dans le monde ont lieu des luttes contre l’exploitation des ressources énergétiques, du pétrole au charbon en passant par le gaz, et du vent au soleil. Il y a aussi les luttes contre le nucléaire. Bien sûr, ces luttes posent la question suivante : à quoi sert toute cette énergie ?
Et surtout, elles offrent une possibilité : celle d’enrayer la production d’énergie qui conditionne la survie de l’existant, morne et fade, de ce monde d’oppression et d’exploitation.

// 17h – La situation des anarchistes en Turquie aujourd’hui //

Répression, guerre et le défi de l’action internationaliste

Après la tentative de coup d’État en juillet 2016, un état d’urgence est déclaré et la répression s’intensifie à l’encontre du mouvement contestataire et révolutionnaire dans son ensemble. Outre cette guerre intérieure, la Turquie a lancé une opération militaire à Afrin (Syrie) en janvier dernier et attaque des structures du Rojava. Lors de cette discussion, deux compagnons viendront parler des récentes évolutions et de la situation particulière des anarchistes dans ce contexte.
(Discussion en anglais avec traduction)
// 21h – Concert acoustique //

Chants en espagnol avec Almudena (voix) et Davide (guitare).

Dimanche 24 juin

// 10h – Ouverture //

Réouverture des Rencontres autour de publications anarchistes avec en permanence des stands de publications anarchistes et anti-autoritaires ainsi qu’une exposition sur diverses contributions anarchistes contre la guerre depuis deux siècles.

// 11h – Une lutte contre la maxi-prison à Bruxelles //

Auto-organisation, action-directe et conflictualité permanente

Pendant plusieurs années, une lutte a eu lieu à Bruxelles contre la construction d’une maxi-prison. Une lutte ancrée dans les quartiers, qui visait à diffuser les hostilités contre ce projet du pouvoir en fournissant une méthode (auto-organisation, action directe et conflictualité permanente) à d’autres révoltés. Dans cette discussion on aimerait approfondir le contenu de cette méthode, au regard des formes qu’elle a prise dans le combat contre la maxi-prison.

// 14h – L’intervention anarchiste //

Discussion à partir des livres « A bas la démocratie, vive la révolution ! Anarchistes de Russie dans l’insurrection de 1905 » (ed. Mutines Séditions, Paris) et « Paroles claires : « La bonne guerre » des anarchistes italiens immigrés aux Etats-Unis (1914-1920) » (ed. L’assoiffé, Marseille).

L’histoire du désordre est généralement utilisée du côté universitaire et institutionnel pour neutraliser les expériences subversives, en contribuant à vider et à mettre à distance les raisons de vivre et de lutter des indomptables du passé. Face à ce genre de récits lissés, victimistes ou héroïques, approfondir de notre côté les idées et les pratiques des compagnons irréductibles qui nous ont précédés est plus que jamais nécessaire pour repartir une fois de plus à l’assaut de la domination.
Entre 1903 et 1910, des milliers d’anarchistes se sont lancés à corps perdu dans l’insurrection qui a secoué l’Empire autocratique russe, en multipliant expropriations, imprimeries clandestines ou laboratoires de chimie, attaquant aussi bien la monarchie et ses serviteurs que la démocratie et ses souteneurs.
Entre 1914 et 1920, des anarchistes d’origine italienne émigrés aux États-Unis s’en sont pris aux agents de la pacification (églises, commissariats), aux responsables et structures du militarisme comme du capitalisme (banquiers, industriels, Wall Street), ainsi qu’aux responsables et structures du système judiciaire (domiciles de juges, de sénateurs ou d’exécutants des déportations forcées, tribunaux).
En conjuguant idée et action, tous ont su défier le fatalisme du temps, les uns en attaquant en période insurrectionnelle dans un même élan le régime autoritaire et ceux appelés à s’y substituer, les autres en développant au sein de la guerre sociale un anarchisme autonome opposé au pragmatisme de la politique tout en visant à briser la résignation des opprimés. Remettre tout cela sur la table pourrait être un bon début pour alimenter les possibilités et les imaginaires du présent.

// 17h – GARI, la solidarité en paroles et en actes //

Expériences de groupes autonomes et libertaires dans les années 70 et 80

Mai 1974, les GARI (Groupes d’Action Révolutionnaires Internationalistes) défrayent la chronique avec l’enlèvement de Suarez, le directeur de la banque de Bilbao à Paris, et une série d’attentats à l’explosif contre les intérêts économiques de l’Espagne et les représentations du franquisme. Le but revendiqué est la libération des prisonniers de l’ex-MIL (Movimiento Ibérico de Liberación). Les GARI qui étaient avant tout une coordination de groupes autonomes et d’individus de la mouvance libertaire en France, étaient le fruit du bouillonnement subversif des ces années-là et des liens tissés au gré des affinités et des luttes.
A partir du livre « Les GARI, 1974, la solidarité en mots et en actes » paru aux éditions du CRAS de Toulouse, nous proposons un retour sur cette expérience de lutte et sur ce qu’elle a pu signifier par la suite pour les multiples groupes autonomes libertaires qui ont continué, tout au long des années 70 et 80, à se battre sur de nombreux terrains. Un tel retour pourrait sans doute ouvrir des pistes critiques pour retisser les fils entre ces expériences-là et les combats d’aujourd’hui.